Mohamed Tadjadit
Alger - 26 ans
Date d’interpellation : 4 Avril 2021
Motifs : Direction et organisation d’une association de malfaiteurs, diffusion de fausses informations, attroupement visant à porter atteinte à la sécurité nationale, possession de drogue, diffusion d’images visant à porter atteinte à la vie d’un enfant
Procès : Il est placé sous mandat de dépôt le 8 avril 2021. Condamnation en première instance à 16 mois de prison ferme le 27 juillet.
Lieu de détention : Prison d’El Harrach, Alger
Date de sortie : 7 août 2022
Remarques : Son arrestation serait liée à la publication de la vidéo de l’adolescent Saïd Chetouane affirmant avoir été victime d’une agression sexuelle lors de sa garde à vue.
Antécédent : Interpellé le 23 août 2020, il est condamné à 6 mois de prison dont 4 mois ferme, le 21 janvier 2021. Les chefs d’inculpation sont les suivants : publications ayant pour but de porter atteinte à l’unité nationale, incitation à attroupement non armé, mise en danger de la vie d’autrui à travers l’incitation à attroupement en période de confinement, atteinte au Président de la République, outrage à corps constitué, atteinte à la sécurité et à l’intégrité du territoire national, diffusion de fausses informations ayant pour but de troubler l’ordre public, discours de haine incitant à la violence, discours de haine via Internet.
Après avoir purgé sa peine, il quitte la prison le 21 janvier 2021.

Le poète du Hirak
Visage candide et corps frêle, Mohamed Tadjadit porte à lui seul le message d’une jeunesse désabusée. Figure désormais connue du mouvement de contestation anti-régime, il est surnommé pour sa plume aiguisée et son franc-parler, le poète du Hirak. Dans ses vers partagés sur Facebook ou récités sur les places publiques, il dénonce « l’État mafia » et la confiscation des libertés.
Arrêté en novembre 2019 lors d’un rassemblement de soutien aux détenus d’opinion devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger, il est condamné le mois suivant à 18 mois de prison ferme pour atteinte à « l’intérêt national ». Son nom vient s’ajouter à la longue liste de militants politiques derrière les barreaux pour avoir exercé leur liberté d’association et d’expression.
Condamné le jour de l’investiture du président Abdelmadjid Tebboune, le jeune Mohamed bénéficie quelques jours plus tard d’une remise en liberté provisoire, volonté du nouveau chef d’Etat. Il est libéré le 2 janvier en même temps que 75 autres personnes détenues en lien avec le Hirak.
Mais d’une détermination sans faille, il annonce dès sa libération poursuivre le combat. “Vous nous avez fait trop de mal. Notre liberté, on l’arrâchera !”, répond-il à l’adresse du régime, dans des déclarations à la presse.
En mars, la peine de Mohamed Tadjadit est réduite à un an de prison avec sursis lors de son procès appel, mais il est de nouveau arrêté le 23 août. Cette fois-ci, dix chefs d’inculpation sont retenus contre lui.
Pour protester contre le rejet de sa remise en liberté et la prolongation de sa détention provisoire, le jeune algérois a commencé une grève de la faim avec ses deux co-accusés, Noureddine Khimoud et Abdelhak Ben Rahmani, le 27 décembre 2020.
Tous les trois ont été transférés à l’hôpital Mustapha Pacha à Alger après la dégradation de leur état de santé, avant que leur procès ne soit finalement programmé. Le verdict est attendu le 21 janvier.
« Nous sommes condamnés pour notre amour de la patrie », disait Mohamed Tadjadit.